Hypertonie Déformante Acquise : une prise en charge innovante chez Clinalliance

Aujourd’hui en France, près de 725 000 personnes âgées sont hébergées en Ehpad. Parmi elles, 22% souffrent aujourd’hui d’une Hypertonie Déformante Acquise (HDA) gênante, avec potentiellement une prise en charge en neuro-orthopédie.
Hypertonie déformante acquise (HDA) | Clinalliance SMR SSR | Île-de-France

Qu’est-ce que L’Hypertonie Déformante Acquise (HDA) ?

L’Hypertonie Déformante Acquise est une déformation articulaire, avec réduction d’amplitude et augmentation de la résistance à la mobilisation passive, quelle qu’en soit la cause et à l’origine d’une gêne fonctionnelle, d’un inconfort et de toute autre limitation dans les activités de la vie quotidienne. Ces déformations dues à cette maladie sont gênantes et douloureuses pour la fonction des membres (entravant la marche, la position debout, la position assise au fauteuil, la mobilisation des membres supérieurs pour l’habillage…) mais aussi pour les soins et le nursing (risques de macération et d’escarres au premier plan). Les plaies provoquées par une HDA empêchent les soins d’hygiène.

L’étude menée par le docteur Laure Gatin sur l’HDA

En 2018, une étude a été menée par le docteur Laure Gatin, chirurgien orthopédique et traumatologique spécialisée en neuro-orthopédie (chirurgie des déformations orthopédiques dues à une pathologie neurologique) à l’hôpital Raymond-Poincaré, AP-HP.

Entre novembre 2018 et novembre 2019, elle a mené au sein du Laboratoire Génie Industriel de CentraleSupélec son projet de recherche sur une unité mobile de prise en charge des patients très dépendants directement sur leur lieu de vie. Elle assure également une formation continue auprès des soignants qui assurent cette prise en charge au quotidien.

Accompagnée d’un groupe de 5 étudiants de CentraleSupélec très impliqués dans ce projet, le docteur Gatin a pu prototyper le système existant, ainsi que 5 scenarii de développement de cette unité mobile.

L’enjeu était de créer une preuve de concept à l’échelle de l’Ile-de-France pour pouvoir, dans un délai de 3 ans idéalement (évidemment allongé en raison de la pandémie Covid-19) :

  • traiter 75% des 12 000 résidents vivant dans des d’Établissements d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes et souffrant d’hypertonie déformante acquise, et
  • former les soignants sur place, afin de développer ensuite le réseau national.

Hypertonie Déformante Acquise : quelles sont les motivations de cette étude ?

Le docteur Gatin est partie d’un constat simple. De nombreuses personnes âgées souffrent de cette malformation. En effet 22% des résidents d’EHPAD souffrent d’HDA et ce chiffre s’élève jusqu’à 30% en USLD (Unité de Soins Longue Durée). Mais ces patients sont souvent difficiles à déplacer et assez peu motivés à subir cette chirurgie (craintes liées au déplacement, à l’idée de passer au bloc opératoire, d’avoir des injections itératives…).

Ces patients vivent parfois loin de l’hôpital. Il est impossible de leur proposer de l’ambulatoire. Par ailleurs, il existe une méconnaissance de la part des équipes et des aidants familiaux des thérapies innovantes, peu coûteuses et avec peu d’effets secondaires existants.

Pour les personnes résidentes en EHPAD ou les personnes âgées vivant dans des déserts médicaux, l’accès aux professionnels de santé, aux plateaux techniques ou aux thérapies innovantes est difficile. Le coût peut devenir très vite onéreux : transport itératif, coût de l’hospitalisation, des consultations et de l’intervention. Au total, une chirurgie en hôpital peut très vite atteindre 4000 euros par patient.

Quelles sont les conclusions de cette étude sur l’Hypertonie Déformante Acquise?

Le constat du docteur Laure Gatin est simple « Puisque l’on ne peut pas faire de l’ambulatoire, faisons de l’ambulant ». L’unité mobile de prise en charge pourrait se déplacer directement auprès de ces patients vivant en structure médicalisée pour leur proposer des techniques moins invasives. Cette structure mobile permettrait aussi de faire de la prévention et de la formation auprès des équipes de soin sur place.

Beaucoup de questions se posent alors sur la meilleure façon de mettre en œuvre cette unité :

  • Faut-il un camion mobile ?
  • Comment conserver les produits de soin tout en les transportant ?
  • Quelle serait la composition de l’équipe qui se déplacerait (anesthésiste, chirurgien neuro-orthopédiste, infirmier, médecin spécialisé en Médecine Physique et Réadaptation) ?

C’est ce que le docteur Gatin a conçu en collaboration avec les spécialistes du laboratoire de Génie Industriel de Centrale Supélec lors de cette étude menée entre 2018 et 2019.
Au cours de cette étude, le docteur Gatin s’est associée avec Clinalliance afin de réaliser un dépistage de l’HDA dans les EHPAD Repotel du réseau Clinalliance et ainsi préconiser une éventuelle prise en charge.

De nombreux patients avaient été dépistés dans les 9 établissements du réseau, et un certain nombre nécessitait des gestes comme des ténotomies percutanées ou des injections de toxine botulinique. Au total, ce sont 28 patients qui ont eu recours à son expertise.

A ce jour, seuls certains d’entre eux ont effectivement été traités. Les obstacles à cette prise en charge ont été recueillis. Ils étaient pour la plupart des cas une crainte des transports, suivie par une crainte du passage au bloc opératoire. L’utilité d’une solution excluant les transports et le bloc opératoire a ainsi été démontrée.

La réalisation des gestes directement dans les Ehpad n’est aujourd’hui pas possible, aussi le passage en hospitalisation de jour (HDJ) nous apparaît comme étant une alternative intéressante, minimisant les allers-retours pénibles pour les résidents, et évitant le passage au bloc opératoire.

Comment soigner une HDA ?

Quelles sont les techniques de soin ?

Une HDA peut être traitée par techniques de relaxation, étirements, injections de toxine botulique ou par ténotomie percutanée à l’aiguille. La ténotomie percutanée n’est pas une chirurgie innovante, puisqu’elle existe depuis le 18ème siècle et a connu, depuis, peu d’évolutions (essentiellement anesthésiques). Il s’agit d’un geste peu invasif qui consiste à couper ou allonger les tendons en cause dans l’HDA à travers la peau. Elle est utilisée dans bien d’autres indications (griffes d’orteils chez les diabétiques, tennis elbow chez les sportifs, aponévrotomie sur les maladies de Dupuytren…).
Ce geste est préférable à une chirurgie plus lourde nécessitant une anesthésie générale, puisqu’il peut être réalisé sous sédation, voire même sous anesthésie locale.

La ténotomie connaît de nombreux avantages tels que :

  • la réduction du temps d’hospitalisation
  • la réduction du temps opératoire
  • la réduction de la taille de la cicatrice, et donc des infections
  • la réduction de la profondeur de l’anesthésie
  • la diminution du recours au fixateur externe lorsque plusieurs articulations, notamment au membre inférieur, sont nécessaires.

C’est une chirurgie qui est proposée uniquement si le traitement médical est inefficace.

Quels sont les objectifs de la ténotomie à l’aiguille ?

Les objectifs de la ténotomie à l’aiguille sont multiples : améliorer le confort, le positionnement sur le lit, le fauteuil et éviter la macération et les escarres. Elle permet également d’améliorer les soins d’hygiène des patients.

Quelle est la prise en charge pluridisciplinaire et médico-soignante de l’HDA mise en place chez Clinalliance ?

La réalisation de gestes directement dans les EHPAD n’est aujourd’hui pas possible, aussi le passage en hospitalisation de jour (HDJ) nous apparaît comme étant une alternative intéressante, minimisant les allers-retours pénibles pour les résidents, et évitant le passage au bloc opératoire, tout en incluant une prise en charge rééducative.

L’HDJ est aujourd’hui opérationnelle à la Clinique SMR de Villiers Sur Orge, et peut prendre en charge les patients présentant, entre autres, ce type de déformations, sous anesthésie locale. Les soins post-opératoires peuvent ensuite se faire en HDJ en parallèle d’une prise en charge en réadaptation.

De plus, le lien avec la solution de télémédecine TokTokDoc a été renforcé, afin de proposer à la fois de la téléconsultation, mais aussi de la télé expertise.

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